Voitures électriques : l’Europe veut des bornes de recharge tous les 60 kilomètres

Les ministres des Transports de l’Union européenne sont parvenus à un accord sur le déploiement des bornes de recharge électrique, avec des objectifs contraignants par Etat.

La ministre française, Amélie de Montchalin, a bien résumé le problème à son arrivée à Luxembourg, jeudi, à la réunion des ministres des Transports européens : « On ne peut pas demander aux Européens de changer pour un véhicule électrique s’ils n’ont pas la certitude de pouvoir recharger, avec une bonne répartition des bornes ».

A l’issue de mois d’intenses discussions dans le cadre du paquet climat « Fit for 55 » , les Vingt-sept sont parvenus à l’issue de ce conseil à un accord sur un futur règlement fixant des objectifs contraignants aux Etats membres pour, enfin, déployer un réseau de bornes publiques à la hauteur de l’électrification en cours du parc automobile.

Exigences de couverture géographique

Pour la recharge des véhicules légers électriques, les exigences de puissance à fournir dépendront de la taille de la flotte immatriculée, à raison d’au moins 1 kW par véhicule électrique sur le territoire, précise le texte. Des exigences de couvertures sont aussi posées, avec l’ambition d’une station publique tous les 60 kilomètres sur le réseau transeuropéen de transport (RTE-T) d’ici à 2025 (avec au moins une borne ultrarapide, de puissance supérieure à 150 kW).

L’objectif est d’avoir couvert le réseau principal d’ici à fin 2025, puis la totalité en 2030, en y assurant une « interopérabilité totale » et des infrastructures « faciles d’utilisation ». L’Europe part de loin. Dans un rapport de mai 2021, la Cour des comptes européenne pointe que « parcourir l’UE au volant d’un véhicule électrique reste compliqué ».

« La disponibilité des bornes varie d’un pays à l’autre, les systèmes de paiement ne sont pas harmonisés […] et les informations accessibles aux consommateurs ne sont pas suffisantes », ajoute-t-elle. La situation s’est légèrement améliorée depuis, mais reste insuffisante.

Par souci de réalisme et d’efficacité, ces obligations seront moindres et modulables dans les zones à faible et très faible trafic. Un délai est en outre laissé pour les bornes dédiées aux poids lourds électriques (un marché technologiquement moins mûr que celui des véhicules légers), qui devront se déployer entre 2025 et 2030, « en encourageant une logique de corridor ». Le même calendrier a été retenu pour les points de ravitaillement en hydrogène.

Ambitions jugées insuffisantes

« Cette proposition joue un rôle important pour accélérer le déploiement de ces infrastructures afin de ne pas freiner le recours aux véhicules et d’initier un cercle vertueux », se félicite la présidence française du Conseil de l’UE.

Il n’est toutefois pas sûr que les constructeurs trouvent ces dispositions suffisantes. Depuis des mois, leur lobby européen, l’ACEA, alerte sur le manque de volonté des Etats membres à déployer le réseau nécessaire. Fin mars, dans une nouvelle étude confiée au cabinet Mc Kinsey , il a estimé que l’Europe aurait besoin de 6,8 millions points de recharge d’ici à 2030 si elle veut tenir l’objectif de réduire de 55 % les émissions polluantes des voitures.

Adoption d’ici à la fin de l’année

« C’est presque deux fois plus que ce que la Commission propose avec son règlement », souligne l’étude, qui appelle à installer 14.000 points de recharge par semaine à travers le continent, contre un rythme actuel d’environ 2.000. Dans le « Green deal », la Commission a fixé un premier objectif d’un million de bornes en 2025.

L’UFE (Union Française de l’électricité) avait elle aussi jugé les ambitions de Bruxelles insuffisantes, estimant qu’il était nécessaire de doubler les objectifs, au moins à horizon 2030.

Le projet de règlement devrait encore évoluer. Il est actuellement à l’étude au Parlement européen, qui ambitionne d’adopter sa version du texte à la séance plénière de septembre. Un tel calendrier laisserait espérer une adoption définitive, après ultimes tractations entre le Conseil et le Parlement, d’ici à la fin de l’année.

Source : https://www.lesechos.fr